Le balayeur

Le balayeur

J'ai vu un homme

Qui marchait ce midi.

Un balayeur.

Il balayait

Comme s'il cherchait de l'or.

Il frottait le sol,

Sans cesse,

Dans l'attente

Que sur sa baguette

Quelques richesses viennent s'y coller.

Il poursuivait son trajet,

Avec détermination et courage,

Continuant, en va et vient,

Son mouvement de droite à gauche.

D’abord à bâbord, puis très à tribord.

Comme le pendule

De l'horloge grand père de mon père.

Hypnotisé,

Il complétait sa communication avec la Terre

Dans l'espoir d'y retrouver son trésor.

Guidé par le bruit feutré des frottements,

Rien ne semblait le déranger.

Il avait son air d'aller.

Bien accroché à son long manche,

Il inspirait la paix

Comme s'il agitait un drapeau blanc.

Il avançait droit devant.

On aurait dit qu'il savait déjà ce qu'il y avait en avant.

Il avait les yeux ensommeillés

Comme plongé dans un rêve.

Somnambule du jour,

Il avançait

Sans se soucier,

En apparence,

De ce qu'il aurait pu rencontrer.

Sans doute

Marcherait-il plus rapidement

Sans balayer autant

Avec son bâton blanc.

Stéphane Emond

04072013